Grand prix du théâtre

Adhésion et dons

18 ème édition

DÉSAXÉ de HAKIM DJAZIRI

 

DISTRIBUTION

mise en scène et scénographie Quentin Defalt

avec Florian Chauvet ou Helimi Dridi/ Hakim Djaziri / Leïla Guérémy

collaborateur artistique Adrien Minder 

lumières Manuel Desfeux 

costumes Marion Rebmann 

musique et ambiance sonore Ludovic Champagne 

régie son Raphaël Pouyer

administration Anne Gégu 

diffusion Anne-Charlotte Lesquibe

Production Teknaï avec le soutien de la Région Ile-de-France, de l’Adami, de la Spedidam, du Fonds SACD Théâtre, du Fonds SACD Musique de scène, du SG-CIPDR, de l’Institut français de Barcelone, du Festival Oui ! (Festival de Théâtre en français de Barcelone) et du Prisme d’Elancourt

 

SYNOPSIS

Depuis la prison de Fleury-Mérogis, un homme est envahi par une pensée : il a quatre ans, c’est son anniversaire. Le doux parfum de son Algérie natale lui revient. Mais très vite, le souvenir de son enfance heureuse laisse place à d’autres, plus sombres : la montée de l’intégrisme, sa fuite en France avec ses parents, son arrivée dans la cité des Trois-mille à Aulnay-Sous-Bois, l’un des quartiers les plus difficiles de Seine-Saint-Denis.

De déceptions en désillusions, en manque de repères, il sombre dans la violence. Pourtant élevé dans l’amour des autres, il se referme sur lui-même et, sous les yeux impuissants de ses parents, se noie dans un islam radical...
Il sait qu’il n’y a aucune fatalité. Il aurait pu choisir un autre itinéraire. À la croisée des chemins, il a préféré céder à la haine.

 

NOTE D'ÉCRITURE

Ce texte est autobiographique à bien des égards. Mon personnage et moi avons tant en commun : une enfance heureuse passée dans un cocon familial protecteur, la montée de l’intégrisme en Algérie vécue de l’intérieur, l’exil, la haine et la violence, les rêves confisqués, la lassitude, la perte d’identité puis le réconfort de la religion à en oublier les fondamentaux de la vie en société.
Lui, bascule dans l’idéologie de haine portée par l’extrémisme religieux. Moi, j’y étais sensible d’abord avant de la rejeter à temps. C’est la seule chose qui nous sépare, mais elle fait toute la différence.

Écrite sur le tard, Désaxé est ma deuxième pièce. J’aurais pu accoucher d’elle bien avant aujourd’hui. Je ne m’en sentais pas la force. Mais une fois la décision prise, elle est née aussitôt et je me suis rendu compte à quel point elle répondait finalement à une urgence.
La mienne déjà, celle d’un homme, tour à tour auteur et comédien, qui entend jour après jour la violence, la révolution, les morts, les sacrifices au nom d’un idéal façonné par la croyance. Celle aussi du désir de ne pas rester immobile face à l’absence d’optimisme qui semble nous avoir tous gagnés. Une réalité qui nous explose au visage avec une telle banalité !
J’ai l’espoir que ce texte s’incarne, pour un jour ou un instant, dans la puissance de l’idéal pour permettre de décrypter le profond malaise que provoque une société ciselée, parce que là est notre problème commun.
J’y raconte mon histoire certes, mais aussi celle de beaucoup de jeunes de banlieue qui crient leur désarroi à la face du monde sans être entendus. En toute humilité et conscient de n’être pas le premier ni le seul, je me fais, à travers ce témoignage, le porte-parole de ces oubliés de la France. J’espère que cette pièce, née avec l’esprit d’un engagement citoyen, saura trouver un écho qui contribuera à faire bouger quelques consciences.

Aujourd’hui, beaucoup d’informations circulent sur la radicalisation. On parle parfois de « radicalisation express », de prison comme lieu de pèlerinage des recruteurs djihadistes, de la démission des parents et du manque d’amour dont ces derniers ont fait preuve dans leur éducation. Cela est vrai dans un certain nombre de cas, mais pas dans tous. Chaque parcours est singulier... Lorsque j’ai écrit cette pièce, je voulais mettre en lumière ce qui n’est pas toujours véhiculé par les médias et qui pourtant concerne une partie des cas de radicalisation.
À l’époque où je fréquentais les mosquées, j’ai toujours été confronté à des hommes dont l’endoctrinement ne datait pas d’hier.
Les recruteurs font un travail de manipulation sur le long terme. Ils multiplient les approches pour avoir la chance d’enrôler une ou deux brebis égarées de manière définitive.
Finalement, la majorité des victimes finissent par se détourner de ces discours, ne se sentant pas capables de donner leur vie (puisque là est la finalité) même pour une cause à laquelle ils adhèrent à cent pour cent.

Il y a incontestablement des lieux de non-droit dans certains quartiers dans lesquels les recruteurs opèrent de manière très organisée. Ils savent que la cité est un immense vivier de proies potentielles, esseulées, en mal de reconnaissance et de repères.
C’est aussi dans ces lieux que s’effectue un grand nombre de recrutements pour la Syrie, le Yémen, l’Irak, l’Afghanistan. Et pas seulement dans les prisons. C’est donc cet aspect que j’ai voulu développer : le long processus d’endoctrinement dans certains quartiers populaires. Je peux en témoigner, car j’en ai été victime ainsi que beaucoup d’amis avec qui j’ai grandi.

Je souhaitais aussi parler de l’engagement des familles. Je n’ai vu que des parents, frères, sœurs qui se battaient avec amour pour tenter de sauver un des leurs, parfois avec un courage et une détermination admirables. Dans cette pièce, l’un des personnages principaux est le père. Il s’agit de mon propre père. Malgré l’immense amour qu’il me porte et l’énergie qu’il avait déployée pour me sortir de ce cercle vicieux, ce n’est pas lui qui a réussi à me sauver. Il était même devenu un ennemi puisqu’il n’adhérait pas à mes choix de vie. Durant cette période, j’ai coupé les ponts avec lui et avec ma mère à plusieurs reprises, sans aucun regret. J’avais établi des priorités claires : Allah et son prophète d’abord, la famille après. C’est cela que l’on nous apprenait. Et des parents comme les miens, distillant de l’amour à profusion,
tentant par tous les moyens de ramener leurs enfants à la raison, j’en ai connu des dizaines. À l’inverse, j’ai connu des parents démissionnaires, incapables d’avoir la moindre attention et dont les enfants ont connu de belles réussites sociales. Aucune généralité ne peut être faite en réalité.

La pièce est écrite sous la forme d’un chassé-croisé entre le fils et le père. Ce dernier, après avoir tout essayé, utilise l’écriture pour parler à son garçon. Une lettre d’amour, écrite lorsque son fils est en prison, dans laquelle il tente, une ultime fois, de renouer le lien, préférant parler de la vie. Il le précise d’ailleurs dans le texte : « Je ne veux plus te convaincre rationnellement que ce que tu fais ne te ressemble pas. Je veux simplement retisser des liens affectifs avec toi. Retrouver mon fils et lui dire que je l’aime et l’attends avec impatience. »

Là aussi, j’ai préféré ne pas rentrer dans l’écueil facile de peindre une relation nourrie d’incompréhension qui aurait tout légitimé. Il me semblait plus percutant de mettre en relief la puissance d’un engagement d’amour. Même si l’amour ne suffit pas toujours dans un monde qui perd pied.

Hakim Djaziri

 

L'AUTEUR

 

Hakim est comédien, metteur en scène et auteur. Entant qu’auteur, Hakim a reçu plusieurs prix pour ses différentes pièces, dont certaines vont bientôt être créées au théâtre.
Concernant son texte « Désaxé », ce dernier est « lauréat du Grand Prix du théâtre 2018 », « finaliste du Prix Godot 2020 (Sans Lauréat pour cause de Covid) », « lauréat du Cross Channel Théâtre 2020 », primé entant que « texte soutenu par France culture » et texte soutenu par le CDN de Caen- Normandie. 
Désaxé est également soutenu et accompagné par Le CIPDR (comité interministériel de lutte contre la radicalisation et la délinquance.) 
Ce texte est étudié dans plusieurs collèges et lycées en France et va faire l’objet d’une longue exploitation radiophonique en Allemagne sous forme d’une fiction radiophonique. 
Hakim à également reçu d’autres distinctions pour sa nouvelle pièce Audrey – Le carnet d’abîmes d’une convertie (qui sera créée en janvier 2022 a Paris) qui a été primée en tant que « Spectacle soutenu par le bureau des lecteurs de la comédie française », texte lauréat du comité de lecture du CDN d’Orléans, texte accompagné et soutenu par le CDN de Caen-Normandie et par le Collectif « à Mots Découverts » Enfin, son dernier texte « Barkev - 40H de GAV » (Qui sera crée en janvier 2023) est lauréat du comité de lecture des journées de Lyon des auteurs de théâtre. 


Hakim a construit un parcours artistique engagé, exigent et éclectique. Il travaille pour le théâtre, le cinéma et la télévision et la radio. À la télévision, au cinéma et à la radio, il a travaillé entre autres avec Gérard Marx, Jean-Pierre Igoux, Marc Angelo, Xavier De Choudens, Yves Renier, Cédric Aussir ou encore Olivier Nikolcic. 
Il a également été animateur sur une chaine franco-algérienne (Khalifa TV) dans une émission de divertissement intitulée «Dans tous les K». 
Au théâtre, il travaille avec différentes compagnies. Il a notamment été dirigé par Emmanuelle Slimane, Alexis Moati, Béatrice De La Boulaye, Jack Souvant, Carole Proszowski, Charlotte Le Bras, Zhana Ivanovna, Catherine Decastel, Olivier Mellor ou encore Quentin Defalt.
Pendant 7 ans, Hakim a travaillé avec le Collectif bonheur intérieur brut (Ticket et Courage Restons de Jack Souvant) dans des créations théâtrales politiquement engagées parfois proches du documentaire et autour d’un axe artistique fort : le rapport au spectateur, sans cesse interrogé et revisité.
Hakim a également fondé son collectif d'artistes pluridisciplinaire en 2015 qui regroupe aujourd’hui une vingtaines d’artistes de toutes disciplines. Le Collectif intervient uniquement dans les quartiers populaires grâce aux différentes technicités artistiques présentes au sein du collectif.


Hakim reste, malgré les multiples projets artistiques qu’il porte, un fervent acteur de terrain. Depuis, 15 ans, il est engagé dans les quartiers populaires et travaille avec tous types de populations sur des thématiques qui monopolisent le débat public. Son combat : donner, porter et soutenir la parole des « marginalisés de la républiques » surtout celle de la jeunesse française de tout bords et de tout horizons. 


Avec Les Oranges d’Aziz Chouaki, qu'il présente au festival d'Avignon 2018, il signe sa première mise en scène.
Entre 2021 et 2025, Hakim écrira et mettra en scène une série théâtrale en 5 épisodes qui s’intitule les 3000. Série théâtrale de 5 spectacles biographiques qui vont retracer les parcours d’hommes et de femmes issues des quartiers populaires et qui ont eu des destinées hors normes. « « Audrey – Le carnet d’abîmes d’une convertie » et « Barkev - 40H de GAV » constituent, respectivement, le premier et deuxième épisode de cette série théâtrale.
Entant qu’acteur, Hakim fera son apparition sur les planches pour un nouveau projet « Dehors », écrit par Marine Bachelot N’guyen et mis en scène par Mohand Azzoug. Entant que scénariste, Hakim collabore avec Mesdames production pour développer la série télévisée Désaxé qui est adaptée de la pièce. Le projet verra le jour en 2022/2023 sur une chaine importante sous la forme d’une série de 6*52 minutes en deux saisons. 
Enfin, à partir de janvier 2022, son nouveau spectacle « Audrey – Le carnet d’abimes d’une convertie@ (font il sera également le metteur en scène), va faire l’objet d’une longue exploitation parisienne avant de poser ses valises au festival d’Avignon 2022.

Source : www.theatre-contemporain.net